Olivier Delorme La Quatrième Révélation |
Mythologie contre religion |
"Qu’il vous accompagne, qu’il veille sur vous. Voyez-vous, la mythologie des Anciens, ces petites histoires drôles, anodines, bizarres, ridiculisées par les chrétiens qui n’y ont vu qu’enfantillages et idolâtrie, est souvent bien plus intéressante que la Bible, parce qu’elle est la traduction d’une vision bien plus complexe de l’univers : les tribulations d’Ulysse en disent plus long sur l’homme, le sensible et le sacré, que les quatre Évangiles. Cette religion-là a permis et accompagné l’essor le plus fantastique de la pensée humaine, en quelques siècles, un effort sans précédent, et je dirai sans pareil, pour comprendre le monde et le transformer en Beau, en théâtre, en mathématiques, en réflexion politique, en urbanisme, en histoire, en philosophie, et finalement... en liberté de l’esprit. Mais comme, pour le Grec, le péché suprême est la démesure, cet effort de compréhension, de rationalité, de liberté va de pair dans une dualité que symbolise parfaitement Hermès, avec la reconnaissance de ce qui lui échappera toujours. Vous êtes en train de me dire que... Que la pluralité des dieux, des intentions, l’affrontement de forces contradictoires, rendent bien mieux compte de la réalité du monde que l’unicité d’une volonté. Que les trois révélations monothéistes sont une dangereuse maladie de l’âme, de l’esprit et de la cité. Que la religion antique est probablement une des formes les plus accomplies de la sagesse, qui consiste à donner une apparence familière, proche de soi, aux forces qu’on ne peut comprendre. L’ara s’envole de l’épaule de Sa Béatitude Séraphim pour venir se poser sur celle de Nikos." |